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Libération
TRIBUNE

78, une loi anti-étudiants

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par Guillaume Bard, Professeur de philosophie et de sciences humaines, Montréal, Estelle Dricot, Professeur de philosophie et de sciences humaines, Montréal, Marcela Fajardo, Professeur de philosophie et de sciences humaines, Montréal et Jean-François Lessard, Professeur de philosophie et de sciences humaines, Montréal
publié le 24 mai 2012 à 19h26

Depuis plus de trois mois, le Québec vit une des pires crises sociales de son histoire. Les étudiants en grève et les citoyens qui les soutiennent arborent fièrement le carré rouge, symbole de l’opposition à la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement de Jean Charest. Dès février, celui-ci avait déclaré qu’il ne négocierait jamais avec les étudiants. Après plus de deux mois de grève étudiante, il a enfin accepté de discuter à condition que ne soit pas abordée la question des droits de scolarité, le nœud du débat. Après moins de quarante-huit heures, ces négociations ont été rompues par le gouvernement. Début mai, retour aux négociations : gouvernement et fédérations étudiantes ont élaboré une feuille de route censée tracer la voie pour une sortie de crise honorable. Le projet d’entente, assez minimal, évoquait la possibilité de dégager des économies dans le budget universitaire, afin d’atténuer l’effet de la hausse. Mais, avant même que les étudiants se soient prononcés sur le sujet, le Premier ministre, Jean Charest, et sa ministre de l’Education, Line Beauchamp, se pavanaient déjà en affirmant qu’ils avaient réussi à écraser le mouvement étudiant. Suite à ces déclarations, les étudiants ont massivement rejeté l’entente de principe. Démission de Beauchamp ; ultime contre-offre de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), que le gouvernement n’a pas daigné étudier ; et enfin cette loi spéciale 78, «loi matraque» qui lui donne des pouvoirs répress