Il assistait tous les matins au réveil du pape, en tant que majordome de Benoît XVI. Désormais, il dort à l’ombre, dans une cellule de la gendarmerie vaticane. Désigné comme le «corbeau» à l’origine d’une avalanche de révélations sulfureuses sur la conduite des affaires du Saint-Siège, Paolo Gabriele, 46 ans, a été arrêté mercredi à son domicile, dans l’enceinte de la cité papale. Quarante-huit heures plus tard, le banquier du Vatican, Ettore Gotti Tedeschi, a été démis de la présidence du très convoité Institut pour les œuvres de religion (IOR), qui fait office de fonds souverain de l’Etat pontifical. Un vent de scandale sans précédent s’est engouffré dans la colonnade du Bernin qui mène à Saint-Pierre.
«Vatileaks». Dans les sacristies, on hésite encore à mettre en rapport les deux affaires. Mais, comme l'indique le vaticaniste Marco Politi, auteur du livre Crisi di un papato, «l'atmosphère au Vatican ressemble à la veillée d'armes d'une tragédie shakespearienne». Pour l'heure, l'arrestation de Paolo Gabriele, qui travaillait aux côtés de Joseph Ratzinger depuis 2006, le secondant dans toutes ses activités quotidiennes, vise à mettre un terme à la publication dans la presse des secrets et des luttes intestines qui agitent le Saint-Siège. Des dizaines de rapports confidentiels auraient été retrouvés dans les appartements de Gabriele. Mais l'incarcération de celui que Jean-Paul II surnommait «Paoletto» risque aussi, s'il se met à par