L'homme a incarné «la décennie noire» qui aurait fait 150 000 victimes. Autrefois féroce dans ses discours, il donne aujourd'hui l'impression d'un vieux félin captif. A Alger, Ali Belhadj, cofondateur avec Abassi Madani du Front islamique du salut (FIS, dissout en 1992), reçoit dans un salon tapissé de livres religieux et assure vivre à présent «à l'ombre de la politique algérienne». Pourtant, à 56 ans, il se voit toujours comme «un recours silencieux», malgré «les années de prison et diabolisation» dont il fait l'objet de la part «du pouvoir algérien et des Occidentaux». Frappé par les autorités d'une interdiction de sortie du territoire, Ali Belhadj, qui aura passé «près de vingt ans en prison», affirme d'emblée «avoir été forcé de se retirer de la politique algérienne».
La silhouette maigre, glissée dans une gandoura couleur cuivre, il entame immédiatement un monologue sur «le pouvoir» qu'il compare à «une grande boîte noire qui a lessivé les votes des dernières législatives». Des 221 sièges obtenus par le FLN (1) aux législatives du 10 mai, il dit : «La méthode a été si visible aux yeux de tous, même des observateurs qui n'ont pas dénoncé le tour de passe-passe. Pour autant, cela n'appelle pas de réclamation, car elle est de toute manière impossible.»
Ornement. Ali Belhadj, habitué depuis les années 90 à surfer sur les vagues de l'opinion publique, retrouve, dès qu'il s'agit d