Le vent fait craquer la tôle du toit qui gît par terre. Les murs portent la trace des impacts de fragments de bombes. Vêtu d’un boubou blanc, Amir Abdallah Mougadam contemple avec amertume l’hôpital réduit à néant. Des avions de fabrication soviétique (Antonov) ont bombardé la seule infrastructure médicale de Yabous, un village situé à l’extrême sud de l’Etat du Nil bleu au Soudan.
Depuis le début du conflit en septembre, les bombardements du gouvernement sont quasi quotidiens dans la zone tenue par la rébellion. «Ils nous survolent, mais quand ils se préparent à larguer les bombes, le son est différent, décrit Amir en s'animant. Les gens courent dans tous les sens, certains se couchent par terre et les bombes font tellement de bruit que ça vous rend sourd pendant une heure.»
Pays laïc. Depuis la sécession du Soudan du Sud, l'année dernière, le Kordofan-Sud, tout comme le Nil bleu, sont entrés en guerre contre Khartoum. La faction Nord de l'Armée populaire de libération du Soudan (l'APLS Nord) comprend environ 40 000 combattants qui ont lutté aux côtés des sudistes pendant la guerre civile. Ils soutenaient l'idée d'un «Nouveau Soudan», théorisée par feu John Garang (l'un des fondateurs de l'APLS), luttant pour un pays laïc et respectant tous les peuples. Mais l'indépendance du Soudan du Sud les a laissés seuls face à un régime de plus en plus radical, prônant la charia et l'arabisation du pays. «Omar el-Béchir [le président soudanais