Pour aider l’armée d’un pays ami convalescent à assurer sa sécurité, faut-il accepter de former des hommes soupçonnés de crimes de guerre, passibles un jour de poursuites devant la Cour pénale internationale ? C’est le dilemme auquel s’est trouvée confrontée la France en Côte-d’Ivoire. Et qu’elle a tranché.
Les anciens chefs de la rébellion - les redoutés «comzones» (commandants de zones) - ont récemment suivi des cours d’état-major sur la base militaire française de Port-Bouët, à Abidjan, dispensés par l’ex-puissance coloniale. But de l’opération : mettre en adéquation les capacités militaires de ces anciens «seigneurs de guerre» avec leur grade officiel.
«Nettoyage». Un vrai défi. Car ces hommes sont, pour l'essentiel, des sous-officiers propulsés à la tête de l'armée ivoirienne par le président Ouattara. Après avoir mis en coupe réglée la moitié nord du pays durant près de dix ans, ils l'ont aidé à s'installer au pouvoir au printemps 2011, à l'issue d'une guerre fratricide contre les partisans de Gbagbo. «On ne leur apprend pas le maniement de la kalachnikov, mais, entre autre, l'éthique du soldat», assure un officier français.
Parmi ces drôles d’élèves figure par exemple Martin Kouakou Fofié, un homme soumis aux sanctions des Nations unies pour ses responsabilités dans le massacre de rebelles dissidents en 2004, à Korhogo (Nord). Des dizaines de partisans d’Ibrahim Coulibaly (dit «IB», tué au lendemain de la victoire de Ouattara) étaient morts étou