Les historiens Jean-François Klein, Pierre Singaravélou et Marie-Albane de Suremain viennent de publier un atlas très novateur sur le fait colonial. Cette carte y est présentée en introduction. Ils expliquent ici les liens entre cartographie et colonisation.
Que montre cette carte ?
Elle est très représentative de la cartographie coloniale de la fin du XIXe siècle aux décolonisations. De grands à-plats de couleur mettent en scène de vastes empires, distribués sur tous les continents. La représentation des possessions françaises en vastes plages roses est une image familière. Les Britanniques utilisaient un code couleur très proche, le rouge, pour représenter leur empire. Véritables instruments de propagande, ces cartes suggèrent que la domination coloniale de la métropole s'y exerce sans partage et de manière uniforme. La réalité sur le terrain est en fait plus complexe puisque la présence et l'autorité coloniale sont parfois loin d'être établies. Les ressources de la cartographie ont aussi été utilisées par les acteurs de l'expansion coloniale (militaires, administrateurs). Les cartes ont permis de mieux maîtriser des terrains où, justement, l'autorité coloniale n'était pas solidement assise. La cartographie est alors un indispensable instrument d'appropriation des territoires.
Comment représenter différemment la cartographie du fait colonial ?
Des dégradés de couleur montrent que la conquête des territoires ne s'est pas faite en un