Capuche vissée sur sa tête toute ronde, le photographe Park Jung-geun, 24 ans, reçoit au milieu de ses clients venus se faire tirer le portrait dans son studio à Séoul. Avant, la boutique appartenait à son père. «Comme Kim Jong-un [le jeune dictateur nord-coréen, ndlr], j'ai hérité de l'affaire de mon papa», plaisante-t-il. C'est ce genre de remarques pourtant bien inoffensives qui lui a valu un emprisonnement pendant quarante jours en janvier. Et un procès entamé le 9 mars et dont la prochaine audience est prévue le 20 juin à Séoul.
Il se compare aussi à Ludvik, le héros de la Plaisanterie de Milan Kundera, exclu du Parti communiste soviétique pour une carte postale écrite au second degré. La plaisanterie de Park ? Sur Internet, le jeune homme a posté des clips de propagande communiste, retweeté une centaine de messages du compte officiel nord-coréen et rédigé à peu près autant de commentaires personnels jugés pro-Pyongyang. Une goutte d'eau dans un océan de plus de 72 000 tweets, mais qui a suffi à alerter les autorités sud-coréennes.
«Peur». Au pays du matin calme, la loi de sécurité nationale interdit de faire l'apologie, de diffuser les idées ou de coopérer avec «des groupes anti-étatiques», au premier rang desquels la Corée du Nord, officiellement «ennemie» du Sud. Un raisonnement que la plupart des Sud-Coréens ont intégré. Dans le cadre d'un devoir en sciences politiques, Tomek, étudiant polonais à Séoul, s'est procur