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Libération

La peur gagne le pouvoir

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Une partie de la bourgeoisie de Damas et d’Alep retire son soutien à un régime toujours plus menacé par la rébellion.
publié le 1er juin 2012 à 22h46

Dans le souk historique de Hamidyeh, les rideaux métalliques des magasins sont restés baissés lundi 28 mai. Longtemps appelés à la faire, souvent empêchés, les commerçants de la capitale ont enfin observé une grève en signe de deuil après le massacre de Houla. Ils ont demandé à leurs clients de s'éloigner et ont résisté aux menaces et aux intimidations des policiers et des chabihha (miliciens pro-régime), nombreux dans les environs, pour forcer l'ouverture des boutiques.

Colis piégés. Le bazar s'est enfin joint au défi lancé à un régime qui pouvait encore se prévaloir de l'appui, même passif, de la bourgeoisie commerçante sunnite de Damas. Et d'Alep aussi : la deuxième ville du pays avait connu la veille des manifestations sans précédent. «Il reste toutefois un noyau dur de bourgeois d'affaires qui soutiennent le pouvoir et refusent le changement», affirme Rime Allaf, experte syrienne auprès de l'institut londonien Chatham House, en soulignant au passage que les hommes de Bachar al-Assad et de son cousin Rami Makhlouf sont sunnites, comme les principaux responsables du parti Baas, «élus» au nouveau Parlement mis en place le 24 mai.

L'argument selon lequel les deux plus grandes villes syriennes «ne bougent pas» était cité par de nombreux analystes pour signifier qu'Al-Assad contrôle encore fermement la situation dans le pays. Or, les habitants de la capitale en témoignent : tandis que les manifestations pacifiques se multiplient, plus