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Libération
TRIBUNE

Gauche grecque et Europe démocratique

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par Par un collectif d’intellectuels européens
publié le 4 juin 2012 à 22h26

Dans l’enchaînement d’événements qui ont jeté la Grèce au fond du gouffre, chacun sait que les responsabilités des partis au pouvoir depuis 1974 sont écrasantes. Ils n’ont pas seulement bénéficié de la corruption et des privilèges, ils en ont fait bénéficier largement les fournisseurs et les créanciers de la Grèce. On pourrait s’étonner, dans ces conditions, que les dirigeants européens et le FMI, transformés en parangons de vertu et de rigueur, s’emploient à ramener au pouvoir ces mêmes partis faillis et déconsidérés, dénonçant le «péril rouge» incarné par Syriza et promettant de couper les vivres si les nouvelles élections du 17 juin confirment le rejet du «Mémorandum». Cette ingérence n’est pas seulement contradictoire avec les règles démocratiques, ses conséquences sont dramatiques pour notre avenir commun.

Il y aurait là une raison suffisante pour que nous refusions de laisser faire. Mais il y a plus grave. Depuis deux ans, les dirigeants de l’Union européenne travaillent à déposséder le peuple grec de sa souveraineté. Sous prétexte d’assainir les finances publiques et de moderniser l’économie, ils imposent une austérité qui étouffe l’activité, réduit la majorité de la population à la misère, démantèle le droit du travail. Ce programme de «redressement» néolibéral se solde par la liquidation de l’appareil productif et le chômage de masse. Pour le faire passer, il n’a fallu rien de moins qu’un Etat d’exception sans équivalent en Europe occidentale depuis la fin de la Seco