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Libération
Reportage

La tolérance assiégée au Mali

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La dérive fondamentaliste de Ansar ed-Dine, au pouvoir dans le Nord, divise les autorités religieuses à Bamako et inquiète le fondateur du groupe.
Des habitants et réfugiés du Nord-Mali manifestent à Bamako, la capitale, le 10 avril dernier. (Photo JOE PENNEY. Reuters)
publié le 4 juin 2012 à 21h26

La mosquée wahhabite Mali Mag, du nom de l’immeuble qui la jouxte, dans le centre de Bamako, près de la cathédrale, se remplit de fidèles pour la prière du vendredi. L’imam s’adresse aux fidèles :

«Veillez à ce que vos filles s’habillent décemment et que vos fils ne fréquentent pas les endroits où l’on vend de l’alcool.»

Et fait passer ce message :

«Nous combattrons où qu’ils se trouvent les ennemis de l’islam.»

Le cheik Haïdara, qui prône «un islam doux et modéré», a fondé il y a presque trente ans le mouvement Ansar ed-Dine. Mais il s'est fait «voler» son mouvement par les islamistes du Nord qui veulent «créer une confusion dans les esprits», dit-il. Le cheik Haïdara raconte toujours la même histoire qui l'affecte à chaque fois un peu plus, celle «de l'usurpation de l'identité d'Ansar ed-Dine. C'est un Ansar ed-Dine dévoyé qui est pratiqué dans le Nord par la faute d'Iyad Ag Ghali [chef des milices islamistes à Gao et Tombouctou, ndlr] et qui s'est totalement accaparé notre nom pour prôner la violence». Cela depuis début février, date du début des rébellions touaregs au Mali sur lesquelles se sont greffées les bandes islamistes.

L'imam, dont la mosquée bénéficie d'un chemin goudronné baptisée «Route cheick Chérif Haïdara», donne audience dans un salon meublé de canapés profonds au dernier étage d'un bel immeuble de standing. Il se dit très «inquiet par ce qui se passe au Nord. Ce n'est pas l'islam malien que je