Il est devenu l’une des nouvelles terrae incognitae sur la carte du monde : le Nord-Mali échappe depuis six mois à tout regard extérieur. Ni journalistes ni humanitaires étrangers n’ont accès à cette vaste zone, grande comme la France et la Belgique réunies. Dans l’immédiat, la pire crainte est de voir la moitié nord du Mali devenir l’«Africanistan» du continent : un territoire qui, comme l’Afghanistan des années 1996-2001, aurait vocation à offrir aux jihadistes une terre d’accueil et une base de repli. Au sud du Maghreb et à quelques heures d’avion de l’Europe.
Qui contrôle le Nord-Mali ?
D’un point de vue militaire et politique, ce sont les islamistes qui semblent avoir désormais l’avantage. Même s’il faut rester prudent en l’absence de tout observateur neutre sur le terrain, le fait d’avoir imposé au centre du débat l’instauration d’un Etat islamique montre que tout se joue pour le moment aubour des intégristes d’Ansar ed-Dine.
Ce mouvement a réussi une OPA inattendue en récupérant sans coup férir les territoires conquis par les Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). Leur guerre de «libération», amorcée en janvier et remportée en mars grâce à une offensive éclair, n’aura finalement abouti qu’à isoler le Nord et à le livrer aux fondamentalistes, dont les Touaregs voulaient se démarquer.
Les Touaregs et les islamistes font-ils cause commune ?
Le 26 mai, coup de théâtre : les Touaregs du MNLA et les intégristes d’Ansar