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Libération

Un ex-otage des Farc accusé de double jeu

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publié le 4 juin 2012 à 22h06

C'est peut-être la vidéo la plus regardée du moment en Colombie : un plan fixe sur des croquis de bâtiments, décrits d'une voix monocorde par un homme qui laisse apercevoir le bout de son nez un court instant. Les plans sont ceux du parlement départemental du Valle, la région de Cali. Les assistants, invisibles, seraient des guérilleros, quelques semaines avant le rapt spectaculaire de 12 députés régionaux au cœur de l'assemblée, en avril 2002. La voix et le nez seraient, selon la police judiciaire, ceux de Sigifredo López, l'un des élus kidnappés. Captif pendant sept ans, il fut le seul survivant d'un massacre perpétré par ses ravisseurs qui a coûté la vie à tous ses compagnons en 2007. A sa libération, toute la Colombie l'a vu s'effondrer en larmes dans les bras de ses deux fils devenus grands. Il est aujourd'hui incarcéré et accusé d'avoir aidé les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) à planifier son propre enlèvement. «C'est absurde, a-t-il protesté pendant son premier interrogatoire, fin mai. Je suis victime des délits dont on m'accuse.»

Pourtant, pour les enquêteurs, la voix de l'enregistrement, qui détaille où se trouve «l'ennemi» policier au parlement, est bien la sienne. Même timbre, même défaut de prononciation sur certains «r». Et la silhouette qui apparaît fugacement avec son nez busqué et sa moustache ressemble à la sienne. López, qui exige une expertise d'Interpol ou du FBI, a dénoncé «la plus grande erreur judiciaire