«C'est vraiment incroyable, il n'y a ni droit ni loi dans ce cas», s'indigne l'avocat Sami Kahraman, pourtant blasé en matière d'atteinte aux droits de l'homme. Sa cliente Sevil Sevimli, 19 ans, étudiante de nationalité française originaire de Lyon en échange Erasmus à l'université Anadolu d'Eskisehir (à 300 km au sud-est d'Istanbul), a été mise en garde à vue par la police turque le 10 mai, accusée d'appartenir à une organisation d'extrême gauche illégale, le Parti-Front de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C).
«Concert». «Je connais le contenu des interrogatoires. Il n'y a aucune preuve démontrant qu'elle est membre d'une organisation. Les policiers et le procureur n'ont posé que des questions étranges : "Etais-tu dans la marche du 1er Mai ?" "Est-ce que tu es allée au concert de Grup Yorum [groupe d'extrême gauche dont les concerts rassemblent des milliers de personnes, ndlr] ?" "Est-ce que tu as participé aux cérémonies de commémoration de Deniz Gezmis [leader estudiantin exécuté en 1972] ?" Que des questions sur la participation de ma cliente à des activités publiques et légales», explique l'ex-secrétaire général du barreau d'Ankara Sami Kahraman, affirmant que sa cliente «est un peu bouleversée, car elle ne comprend pas pourquoi on l'a arrêtée». En troisième année d'informatique, Sevil Sevimli n'avait sans doute pas compris que «la démocratie avancée turque» tant vantée par le Pre