Pour les plus anciens d’entre nous, l’insurrection étudiante au Québec réveille de bien vieux souvenirs. Comparaison n’est pas raison. Il n’empêche.
Un sentiment trouble s’empare de nous, ravive une mémoire à fleur d’actualité, accroît l’espoir et éveille l’attention. Comme en Mai 68, c’est un événement en apparence mineur et bien localisé à la jeunesse étudiante qui déclenche les manifestations. Ici, l’augmentation des droits d’inscription, ailleurs l’exclusion de la faculté d’un étudiant qui manifestait en faveur du Vietnam, précédée quelques mois plus tôt par une interdiction aux garçons d’accès aux résidences des filles.
Et puis, là-bas comme ici, un traitement imbécile, purement administratif, technique et gestionnaire du symptôme, un manque total de lucidité politique. Là-bas comme ici, l’ordinaire de la vie quotidienne s’arrête et la crise commence. La crise c’est quand le nouveau monde peine à naître et le vieux monde tarde à mourir. Alors, comme dans une connivence involontaire, inconsciente pourrait-on dire, les représentants du «Vieux» Monde aident les accoucheurs du «nouveau» à mettre au jour une crise des «valeurs». La hausse des droits d’inscription, les lois liberticides du gouvernement Charest, la désorientation et la brutalité des forces de police conduisent à une nouvelle réflexion sur «le néolibéralisme».
Une nouvelle génération entre en politique. Elle refuse un monde obsédé par la réussite individuelle, elle veut construire une fraternité nouvelle, un monde