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Libération

Les funestes mémoires de bourreaux de Tiananmen

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publié le 10 juin 2012 à 19h56

Tels des fantômes surgissant inopinément sur la scène du crime, trois des hommes au pouvoir pendant la terrible répression du mouvement démocratique de Tiananmen, en juin 1989, se sont exprimés dans des livres censurés en Chine. Le dernier d'entre eux à le faire est Chen Xitong, à l'époque maire de Pékin et membre du Politburo. Son livre sous forme d'entretien intitulé Conversations avec Chen Xitong, vient d'être publié à Hongkong. L'an dernier, l'ex-Premier ministre Li Peng, surnommé «le boucher de Pékin», a publié sa version des faits sous la forme d'un «journal», qui circule en édition pirate à Hongkong. Deux ans auparavant, ce sont les mémoires posthumes de l'ancien secrétaire du Parti communiste chinois Zhao Ziyang, décédé en résidence surveillée en 2005, qui sont sorties. Déchu de son poste pour avoir refusé de faire tirer sur la foule en 1989, Zhao Ziyang justifie son choix non violent et va jusqu'à plaider pour l'adoption de la démocratie parlementaire occidentale en Chine. Ses regrets et la profondeur de ses réflexions sur l'avenir de la Chine tranchent avec le culot obscène de Chen Xitong à vouloir se disculper.

Agé de 81 ans et atteint d'un cancer, Chen Xitong explique que le massacre est «bien évidemment une tragédie qui aurait pu être évitée» et que «personne ne serait mort si les choses avaient été gérées correctement». Chen, qui a plaidé avec ferveur pour la répression tout au long de ces événements qui avaient mobilisé des m