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TRIBUNE

Manifestations étudiantes au Québec : de «l’enfant-roi» au porteur du rêve

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par Pierre Joly, Psychothérapeute à la Maison Saint-Jacques, Montréal
publié le 10 juin 2012 à 19h07

Les étudiants québécois s’opposent au gouvernement libéral de Jean Charest qui a décrété une hausse de 75% (en cinq ans) des droits de scolarité à l’université. Ce conflit a amené une polarisation des opinions entre une idéologie néolibérale dont le gouvernement, les milieux d’affaires et certains médias font la promotion depuis plusieurs années, et une gauche en dormance qui voit dans ce «printemps érable» l’espoir d’une renaissance et d’un renouveau de ses idées.

Les médias ont largement fait état des bris de vitrines par des casseurs, ainsi que de l’usage par la police de la matraque, du poivre de cayenne et des balles de caoutchouc. Mais la véritable guerre a été celle de l’opinion publique. Elle s’est faite sur le terrain de l’image, l’image de l’étudiant en particulier.

Du côté du gouvernement et des faiseurs d’opinion qui le soutiennent, on a eu tendance à opposer les étudiants «responsables», prêts à payer leur «juste part», aux autres, accusés d’être des enfants gâtés qui veulent tout avoir sans en payer le prix. Si, en plus, ils s’opposent à l’autorité légitimement élue et que des casseurs se glissent parmi eux, ça devient… payant politiquement pour le gouvernement.

Ce dernier a réussi à marquer des points dans l’opinion publique, refusant de discuter de la question de la hausse, laissant traîner la situation et se faisant champion de la loi et de l’ordre. Cette crise sociale a relégué à l’arrière-plan de l’actualité le début des travaux de la commission d’enquête Cha