La police a-t-elle assassiné un opposant en maquillant son décès en suicide ? C'est la question que beaucoup de Chinois se posent après l'étrange mort de Li Wangyang, 62 ans, le 6 juin à Shaoyang, une ville de la province méridionale du Hunan. Cet ancien prisonnier politique, condamné comme «contre-révolutionnaire» en 1989 pour avoir créé un syndicat ouvrier libre à Shaoyang pendant les événements de Tiananmen, a été libéré en 2011 après avoir passé vingt-deux ans de sa vie en prison. Sa liberté recouvrée l'an dernier fut toute relative puisque les tortures et les mauvais traitements subits pendant des années aux mains des autorités carcérales l'avaient laissé aveugle, sourd et dévoré par plusieurs maladies. Au point qu'à sa sortie de prison, il a dû être interné dans un hôpital, à Shaoyang, où il vivait depuis un an. C'est là qu'il se serait «suicidé» selon la police.
Bande de tissu. Le 6 juin à 6 heures du matin, la sœur de Li Wangyang reçoit un coup de fil de l'hôpital pour l'informer que son frère est mort. Une fois sur les lieux, elle le découvre sans vie, pendu avec une bande de tissu aux barreaux de la fenêtre de l'hôpital. Etrangement, le personnel de l'établissement n'a même pas décroché le corps pour tenter de le ranimer. Ce week-end, les autorités ont procédé à l'incinération du cadavre, sans l'accord de sa famille, qui dénonce un crime maquillé. Cette dernière n'a pas pu assister à l'autopsie, dont les résultats n'ont pas été com