«Arrêtez la tuerie ! Nous voulons construire une Syrie pour tous les Syriens !»
Rima Dali (activiste de Damas)
Les massacres de Al-Hawla le 25 mai et de Al-Qoubayr le 6 juin marquent un tournant dans la crise qui secoue depuis quinze mois la Syrie. Nombre d’observateurs considèrent que ces tueries, qui ne sont pas les premières (on se souvient de Karm Zeitoun en mars), pourraient faire basculer le pays dans une guerre confessionnelle à la libanaise. En réponse à ces drames, on a pour l’instant assisté surtout à une recrudescence des manifestations. Nul ne sait toutefois ce qui peut advenir dans les prochaines semaines et si la société syrienne saura éviter ce risque mortel.
Une vision moins pessimiste de l’avenir de la contestation est pourtant encore possible. La société syrienne se structure traditionnellement à partir du lignage, de la communauté de quartier ou de village, du groupe professionnel, des confréries religieuses, de la tribu, de la communauté ethnique ou confessionnelle. Ces différents éléments inscrivent les individus dans un territoire et dans un réseau d’appartenances, de solidarité et d’obligations.
Lorsque le parti Baas arrive au pouvoir en 1963, il a pour ambition de remplacer ces formes d’appartenance jugées archaïques par des corps intermédiaires, symboles de modernité : cellules du parti, coopératives, syndicats, organisations de jeunesse. Il s’agissait de former des citoyens syriens libérés de leurs appartenances anciennes et dévoués au nouveau