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TRIBUNE

Syrie : la «Montagne des Kurdes», prochaine zone martyre de la révolte ?

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par Fabrice Balanche, Directeur du Gremmo, Maison de l’Orient et de la Méditerranée
publié le 12 juin 2012 à 19h09

La «Montagne des Kurdes» (Jebel Akrad) sera-t-elle le lieu du prochain massacre en Syrie ? Avec les deux tueries de Houla et de Qoubayr, la communauté internationale a compris que la Syrie était désormais au bord d’une guerre civile généralisée, car plusieurs indices indiquent qu’elles ont des causes communautaires.

Houla et Qoubayr sont situés sur la frontière entre territoires alaouites et sunnites et, s'il est prouvé que ce sont bien les milices alaouites du régime qui ont commis les massacres, cela signifie que le processus de fragmentation territoriale de la Syrie est bien avancé. Dans cette logique de confessionnalisation du conflit, on peut prévoir le lieu de nouveaux massacres, qui s'apparentent à de l'épuration ethnique. Le Jebel Akrad, dans l'arrière-pays de Lattaquié, pourrait être la prochaine zone martyre de la révolte syrienne, pour des raisons stratégiques à l'échelle nationale, mais aussi en raison des tensions communautaires au niveau local. Jebel Akrad signifie la «Montagne des Kurdes» en arabe. Au XIIIe siècle, des tribus kurdes furent installées au nord de la montagne alaouite, lors de la reconquête musulmane sur les croisés, pour contrôler les populations alaouites insoumises. Aujourd'hui, cette population est complètement arabisée et ne garde le souvenir de son origine kurde qu'à travers la toponymie. Les habitants du Jebel Akrad sont musulmans sunnites à l'exception du bourg de Kansaba, qui comporte une minorité chrétienne grecque orthodoxe.

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