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Libération
Récit

Coup d’Etat institutionnel en Egypte

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La Haute Cour constitutionnelle a dissous, hier, le Parlement élu juste après la révolution et dominé par les Frères musulmans, alors que le second tour de la présidentielle doit se tenir demain.
Des manifestants se rassemblent place Tahrir, au Caire, le 14 juin 2012 (Photo Ahmed Jadallah. Reuters.)
publié le 14 juin 2012 à 22h06

Le processus de transition égyptien vient de connaître un énième coup dur, le plus brutal sans doute. La Haute Cour constitutionnelle a décidé hier de dissoudre les deux chambres du Parlement élu cet hiver, au motif que le mode de scrutin uninominal - qui concerne un tiers des députés - serait illégal. La cour a également retoqué la loi dite «d’isolement politique» interdisant aux dignitaires de l’ancien régime de se présenter aux élections. Elle aurait pu conduire à une exclusion du candidat Ahmed Chafik. Celui-ci sera donc opposé au candidat des Frères Musulmans, Mohammed Morsi lors du second tour de l’élection présidentielle prévu demain et après-demain.

Conséquence de cette dissolution : c’est le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui récupère le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’un nouveau Parlement. Selon le calendrier prévisionnel, le CSFA qui assure la transition politique depuis la chute d’Hosni Moubarak en février 2011 aurait dû rendre le pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle.

Ce double arrêt a aussitôt été dénoncé comme «un coup d'Etat» par les Frères Musulmans. En décidant la dissolution de l'Assemblée et du Sénat à majorité islamiste, la plus haute instance judiciaire d'Egypte porte une attaque directe contre la confrérie dont le candidat, Mohammed Morsi, a des chances de remporter le scrutin de ce week-end.

Retour en arrière. C'est aussi une façon de préserver le pouvoir de l'armée qui craint que ses privilèges soient