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Libération
Reportage

La crise, c’est mauvais pour la santé

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La grève des médicaments lancée par les pharmaciens grecs, non remboursés, met au jour le délabrement financier du système. Une menace pour l’état sanitaire du pays.
Une pharmacie grecque en grève, le 2 janvier 2012. (Photo John Kolesidis. Reuters)
par Philippe Clergel, Correspondance à Athènes
publié le 14 juin 2012 à 21h26

Devant la pharmacie publique de l'EOPYY, l'office central de santé, près de la place Omonia, la longue file d'attente se forme dès 7 h 20, dix minutes avant l'ouverture. «Je suis venu chercher une injection pour ma fille opérée de la thyroïde car je n'ai pas les 800 euros pour l'acheter, mais on me dit qu'ils sont en rupture de stock», proteste Georges. Vassilis est venu, lui, d'une lointaine banlieue pour la délivrance d'un médicament nécessaire à l'hémodialyse de son grand-père. «D'habitude nous le prenons à la pharmacie locale sans payer, mais comme il coûte près de 100 euros je suis obligé de venir le chercher ici.» Lui aussi risque de repartir bredouille car, explique le directeur des lieux, «ici nous ne délivrons que des médicaments qui ne sont pas disponibles dans les officines de ville». Comme ce traitement contre la leucémie à 4500 euros avec lequel un autre Vassilis repart vers Corinthe en soupirant : «Avant il était possible de le commander par l'intermédiaire d'une pharmacie.»

«La vie des malades en danger». Depuis trois semaines, les pharmaciens refusent d'honorer gratuitement les ordonnances des assurés et le mouvement doit se poursuivre jusqu'à lundi en attendant que leur soit acquitté le mois d'avril. L'EOPYY a en effet envers eux une dette de 500 millions d'euros remontant à 2011. Dans une lettre à Horst Reichenbach, le chef du groupe de travail de l'UE en Grèce, l'ensemble de la filière pharmaceutique aver