C’est fou comme d’une présidentielle à une autre, les choses diffèrent. Peut-on imaginer qu’en France, une femme enceinte se déclare candidate et accouche en pleine campagne électorale ? En Islande, nation-échantillon de 320 000 habitants, c’est fait. Thora Arnorsdottir, journaliste de 37 ans, affrontera le 30 juin l’actuel président, Olafur Ragnar Grimsson, 69 ans. Vu de l’île, le match se résume à «Thora vs Olafur». Les patronymes restent aux vestiaires, c’est l’usage. Mais, même sur ce bout de terre propice aux phénomènes étranges, le casting reste inédit.
Pas parce qu’il oppose une femme à un homme. Il y a déjà eu une présidente de la République d’Islande. En 1980, Vigdis Finnbogadottir était même la première femme au monde élue à cette fonction au suffrage universel direct. Mais à 50 ans, elle n’élevait pas de jeunes enfants. C’est donc bien l’âge de Thora Arnorsdottir et ses maternités qui créent la nouveauté. Et dopent sa popularité. Juste avant d’accoucher, le 17 mai, elle devançait son challenger de 8 points. Il a regagné du terrain pendant qu’elle était immobilisée.
Pendant la campagne, Thora Arnorsdottir a joué de son état. En annonçant sa candidature, le 4 avril, dans un musée d'Hafnarfjordur, en banlieue de Reykjavik, sa voix a tremblé. «L'effet des hormones», a-t-elle plaisanté. Public conquis. Ce jour-là, le ventre moulé dans une robe noire, elle avait des élans patriotiques : «Le pire est derrière nous. Souvenons-nous que nos ancêtres en ont vu d'a