C'est le plus grand procès de la répression pendant la révolution : le tribunal du Kef a rendu hier soir son verdict dans « l'affaire des martyrs de Thala et Kasserine ». L'ex-président Ben Ali a écopé de la peine la plus lourde : prison à perpétuité. Elle n'a guère de chance d'être mise à exécution : l'ancien raïs est toujours en fuite en Arabie Saoudite.
Pour la mort de 21 personnes, vingt-deux autres responsables comparaissaient sur le banc des accusés. Ministre de l’Intérieur jusqu’au 12 janvier, Rafik Belhaj Kacem a été condamné à douze ans de prison. Les autres peines varient de 8 à 15 ans. Dix ont bénéficié d’un non-lieu.
« Le verdict est trop clément», s'insurge Mohamed Rhimi, avocat de Kasserine et membre du « groupe des 25 avocats », un collectif engagé dans les procès post-révolution. «Ben Ali est condamné à la perpétuité, alors qu'il n'est inculpé que de complicité d'homicides volontaires. Tandis que ceux qui sont directement accusés n'écopent que de huit ou dix ans de prison, bien en-dessous des peines prévues par la loi. Ce jugement n'a pas de fondements, c'est un jugement politique. Le tribunal n'a pas voulu désenchanter totalement les familles, sans trop condamner non plus les responsables du ministère de l'intérieur, voire en prononçant un non-lieu pour certains. »
Parmi eux, Moncef Laajimi. Pour les familles de victimes et leurs avocats, l'homme est un cas symbolique de l'impunité qui persiste à l'égard des ex-responsables du ministè