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Libération
Interview

Grèce et Balkans rivés à la dette

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Points de vue et cartes du monde avec les Editions Autrement
publié le 15 juin 2012 à 19h06

Les Grecs retournent aux urnes ce dimanche. Pierre Sintès, géographe à Aix-Marseille université, spécialiste de la Grèce et des Balkans, replace le pays dans son environnement régional.

Quelles sont les particularités de la Grèce au sein des Balkans ?

La première est géopolitique et historique. Après la Seconde Guerre mondiale, elle se retrouve dans le camp occidental et bénéficie du plan Marshall. Cela va lui permettre de lancer son économie, qui sera florissante dans les années suivantes : on parle de «miracle grec», son taux de croissance équivaut à celui du Japon ! Elle développe alors son secteur touristique, ce qui coïncide avec les débuts du tourisme de masse en Europe. Les bénéfices de cette croissance permettent de nourrir un secteur public important, voire pléthorique.

L'autre particularité est son dynamisme régional à partir des années 90. Elle est la première à investir dans les autres pays des Balkans avec la promotion d'une politique volontariste : le «Plan grec pour la reconstruction économique des Balkans» est lancé en 2002. Là encore, l'Etat y est très impliqué. Ce plan lui coûte 550 millions d'euros pour soutenir la construction d'infrastructures en Albanie, Bulgarie et République de Macédoine et aider les entreprises grecques concernées par des exonérations fiscales. Elles y trouvaient plus d'intérêt qu'à investir à l'intérieur du pays, car les unités de productions y étaient de trop petite taille. Donc, pendant que certains s'enrichissaient, la majorité de la population n'était pas invitée à ce que les Grecs appe