Samedi
Un destin tragique
Le Liban est en deuil. Ghassan Tuéni, l'homme qui a donné à la presse libanaise la place privilégiée qu'elle occupe dans le monde arabe, est mort. Sa disparition a suscité émotion et compassion, car sa vie a été marquée par une suite d'événements tragiques, la mort de sa fille à l'âge de 7 ans, puis celle de sa femme, Nadia, qui avait reçu en 1973 le prix de l'Académie française pour son œuvre poétique, suivie de celle de Makram, son fils cadet, et enfin celle de son aîné, Gebrane, une des figures de proue de la «Révolution du Cèdre», assassiné par les Syriens en 2005. Un destin à l'image de ce pays qu'il a tant aimé, pays ravagé par la guerre - «une guerre pour les autres», pour reprendre le titre d'un de ses ouvrages - et qui peine à se réconcilier avec lui-même.
Dimanche
La barbarie au rendez-vous
Des images d’enfants, de femmes, de jeunes, de vieux massacrés par cette implacable machine à tuer que sont les «escadrons de la mort» du clan Assad. Ce massacre n’est pas unique. D’autres plus effroyables l’ont précédé au Cambodge, au Rwanda, en Bosnie, pour ne pas remonter plus loin dans l’histoire. Mais ce massacre, qui se poursuit depuis quinze mois, déjà introduit une nouveauté. Pour la première fois, les images sont là en temps réel. Dans les journaux télévisés du monde arabe, les images de morts sont diffusées chaque jour, avec la régularité des bulletins météo. Un rendez-vous quotidien avec la barbarie. Elle ne nous quitte qu’en fin de soirée, nous laissant accablés par le sentiment d’une injustice