«Mais pourquoi donc aller danser à Ramallah ?» Cette question, personne ne nous l'a posée. C'est nous-mêmes, avant de partir, fin avril, qui nous interrogions, comme nous nous étions interrogés quelques années plus tôt avant d'aller jouer à Jérusalem-Ouest, à l'invitation d'un festival israélien. Quel sens alors cela peut-il avoir de présenter un spectacle de danse, le Sacre du printemps, dans le grand théâtre de la capitale de l'Autorité palestinienne, au cœur des hautes collines du centre de la Cisjordanie, à une portée de voix de la tombe de Yasser Arafat ?
La population palestinienne n’a-t-elle pas autre chose à penser, n’a-t-elle pas des combats plus sérieux à mener ? Ne va-t-on pas trouver notre art trop futile, voire incongru, quand, aux portes mêmes du théâtre, des manifestations se multiplient en soutien aux prisonniers en grève de la faim pour dénoncer leurs conditions d’emprisonnement ?
Sur place, nos doutes sont tombés. Nous avons instantanément compris - nous ne sommes évidemment pas les premiers - que la venue d’artistes occidentaux a, pour les Palestiniens, une haute valeur symbolique.
Notre «Sacre», ceux qui nous ont accueillis l’ont vu comme «le Sacre du printemps arabe». Ils ont reconnu dans le déchaînement vital du spectacle leur propre furieuse envie d’exister. Ce n’est pas grand-chose, sans doute, au regard de l’extrême complexité de la situation géopolitique et du si profond désarroi palestinien. Les représentations que nous avons données à Ramall