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Analyse

Deux ans de mise à mue

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Les mesures d’austérité liées aux plans de sauvetage de la Grèce ont bouleversé en profondeur la vie quotidienne des citoyens. Des métamorphoses à double tranchant.
publié le 18 juin 2012 à 0h17

Grèce année zéro. Quel que soit le vainqueur du scrutin, il devra appréhender la crise avec un regard neuf. Avant même l’issue du vote, les principaux partis en lice avaient d’ailleurs annoncé leur intention de renégocier une partie des mesures liées aux plans de sauvetage, qui n’a pas empêché le naufrage de l’économie grecque : 80% de l’argent prêté sert en réalité à rembourser les intérêts des prêts. Et, pendant ce temps, les mesures d’austérité drastiques ont considérablement changé le quotidien des Grecs. Pour le meilleur et pour le pire.

Des factures et moins de pots-de-vin

Longtemps, l'économie clandestine a été considérée comme l'un des principaux fléaux d'un pays où beaucoup de transactions se gèrent en cash et où la faiblesse des niveaux de salaires était compensée par un second travail. Aujourd'hui, avec un taux de chômage de 22%, ce boulot d'appoint a vécu. Mais, afin d'assurer plus de transparence dans la circulation de l'argent, les autorités ont imposé aux contribuables d'apporter au fisc la preuve de leurs dépenses à hauteur de 25% de leurs revenus. Résultat, les Grecs collectionnent désormais les petits reçus, qu'ils entassent souvent dans des boîtes à chaussures. Personne ne sait comment ils seront gérés par les fonctionnaires d'une administration fiscale confrontée, comme tout le service public, à une baisse d'effectifs. Mais une habitude a été prise : dans un pays où demander une facture au restaurant était généralement accueilli avec dédain