C’était du jamais-vu : en 1992, à Rio de Janeiro, la Terre s’asseyait pour la première fois à la table des négociations onusiennes. Les préoccupations écologiques entraient dans l’agenda international et l’atmosphère était à la ferveur, à la prise de conscience. A l’espoir aussi de forger ensemble les outils pour enrayer le déclin des écosystèmes et le changement climatique. Vingt ans après, une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement se retrouvent demain dans la cité brésilienne, pour un nouveau Sommet de la Terre sous l’égide de l’ONU.
Désabusée. Au Rio Centro, dans les gigantesques halls de béton dignes de Villepinte, où la climatisation souffle à pleins moteurs et fait oublier la douceur de l'hiver carioca, les négociations piétinent depuis six jours sur le texte de la déclaration finale, en discussion depuis six mois déjà, et intitulé «The Future We Want». L'ambiance est molle, désabusée, déshumanisée. Comme si les délégations se préparaient à un texte a minima, sans ambition. Il y a pléthore d'ateliers, conférences, dialogues… et pourtant, nulle vibration.
Le contexte dans lequel s’ouvre le sommet est plombé. En vingt ans, le Brésil, pays hôte, mais aussi les autres émergents, la Chine ou l’Inde, ont pris un poids économique et politique qui change la donne. Les pays du Nord, eux, arrivent déjà douchés par la crise financière qui les secoue depuis 2008 : les caisses publiques y sont vides, les dettes souveraines à des niveaux stratosphériques, et les