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Libération
TRIBUNE

L’Europe fédérale, un grand projet ?

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par Olivier Berruyer
publié le 21 juin 2012 à 19h06

Sans surprise, la crise monétaire s’approfondit. Le diagnostic «économique» posé est juste : «fédéralisme ou fin de l’euro». Mais la conclusion «politique» est erronée : non, le «fédéralisme» n’est pas la bonne solution, car c’est une utopie. Au bout de dix ans, la zone euro se retrouve face à sa contradiction originelle : est-elle une réunion de 17 pays concurrents, ou est-elle un seul pays, avec 17 régions ? Le drame est que le choix de réaliser une monnaie unique implique obligatoirement la seconde solution, alors que dix ans de réalité démontrent que tous les pays ont choisi la première.

Illustrons par la politique choisie par l’Allemagne. Par analogie, il s’y est passé la même chose que si la région Alsace avait choisi de fixer son salaire minimum à 800 euros par mois. Ainsi, les coûts de production y baissent, les entreprises y deviennent plus compétitives, le chômage baisse, la consommation aussi mais les excédents de sa balance commerciale compensent. C’est positif pour l’Alsace - même si ça l’est moins pour les Alsaciens les plus pauvres.

Cependant, aucune magie : la conséquence de cette politique est une hausse du chômage dans le reste du pays. Un tel «modèle alsacien», fondamentalement parasitaire, ne marche qu’à la condition de ne pas être dupliqué. Si le reste de la France baissait son Smic à 800 euros, il n’y aurait plus aucun effet positif nulle part, ne subsisterait qu’une colossale récession. L’Alsace aura simplement «aspiré» une partie du PIB du reste du pays