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Libération
Éditorial

Insertion au pays

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publié le 22 juin 2012 à 19h07

«Vivre et travailler au pays». Ce slogan des années 70 n'arrive pas d'un pays sous-développé. Il est celui des habitants de l'est de la France, laminés par une crise de la sidérurgie sans précédent, qui s'acheva en faillite. En Meurthe-et-Moselle, la ville de Longwy apparut alors comme celle d'un combat acharné contre la fermeture des mines et le chômage. Sous d'autres tropiques, des populations poussées par la misère quittent leur pays la mort dans l'âme, espérant trouver l'Eldorado qui leur donnera simplement de quoi manger. Ceux-là sont des immigrés, que le pays riche accueille plus ou moins selon ses besoins de main-d'œuvre bon marché. Quand le nanti hurle à l'invasion, il boute l'intrus hors de ses frontières. En 1978, des législateurs français ont trouvé une alternative à l'expulsion manu militari. Plutôt que de dépenser des sommes faramineuses en enfermant les indésirables, en affrétant des charters, on leur propose un pécule pour leur donner le coup de pouce censé les «pousser» à regagner leurs pénates. C'est plus humain et, quand ça marche, tout le monde est content. «Quand l'Afrique s'éveille», titrait en mai le magazine Books, qui croit voir dans ce continent des lueurs d'émancipation et de développement. Souvent employé pour évoquer la Chine, ce titre est sciemment paradoxal : en Afrique, les colons sont devenus chinois, et ils sont là pour leur seule survie. Aux autochtones de s'en débrouiller, et peut-être d'en profiter. Les paris