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Libération

Paris et la position du motus

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Echaudés par le référendum de 2005, les gouvernements Fillon, puis Ayrault, minimisent la nécéssité d’un modèle fédéral.
Face à la poussée pour plus d’union politique, la France préfère parler de «pragmatisme». (PHOTO TOBIAS SCHWARZ. REUTERS)
publié le 22 juin 2012 à 22h06

L'offre allemande de bâtir une nouvelle «union politique» n'a suscité que des bribes de réponse assez confuses en France, réticente aux débats institutionnels depuis le rejet du projet de Constitution européenne, en 2005. «Le saut fédéral ou le chaos» est un mantra qui agace plus d'euroréalistes qu'il n'emballe une minorité d'euro-enthousiastes. «C'est une expression fétiche qui revient régulièrement à certains moments de crise, comme la panacée à tous les maux», ironisait récemment Hubert Védrine dans sa chronique hebdomadaire sur France Culture. Mais ne nous battons «pas à coups de mots magiques», conseillait l'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères. Chargé du dossier Europe dans l'équipe de campagne de François Hollande, le député Christophe Caresche prônait encore en janvier de suivre l'Allemagne et de «s'engager sans réserve sur la voie du fédéralisme». Aujourd'hui, il est nettement plus mesuré. L'heure est au «pragmatisme», et les tenants des Etats-Unis d'Europe sont gentiment renvoyés à leur «utopie».

«Noniste». L'avenir de l'UE a d'ailleurs été un thème soigneusement occulté pendant la campagne présidentielle. Nicolas Sarkozy, enfourchant le cheval nationaliste pour séduire l'électorat du Front national, s'est distingué par ses diatribes contre les accords de Schengen et le libre-échange. François Hollande, lui, se concentrait sur son exigence de «renégociation» du futur traité