La camionnette roule au pas sur la piste en terre rouge défoncée par les violentes averses. El Mahaboub Damala a implanté son exploitation agricole à Djigbé, à quelques kilomètres de Porto-Novo, capitale du Bénin :
«Un hectare sur trois sites. Ici c’est le poulailler avec 600 pondeuses, là le clapier avec 30 lapins, j’ai un élevage de poissons et des bananiers sur 7000 m2.»
A 27 ans, marié, père d’une petite fille, il possède aussi une boutique de prestations de services, où travaille un employé.
Il y a moins de trois ans, Damala était clandestin en France. Parti en formation avec son lycée agricole, il a «raté» le vol retour, et est resté trois ans en région parisienne. Son quotidien : le travail au noir ou en intérim, sous une fausse identité, en louant 300 euros par mois les papiers d'un compatriote. «Je n'ai pas vécu, j'ai survécu. Mais l'essentiel était de gagner un peu d'argent, car j'avais des rêves de l'autre côté, ici en Afrique.» Quand la crise a frappé, il a voulu rentrer. C'est alors qu'il a appris que la France pouvait l'aider.
Etudiante en droit, Cathia Guezodje a séjourné huit ans en France avec un titre régulier. Elle s'apprête à lancer son entreprise de fabrication et de vente de jus de fruits et d'eau en gobelets.
El Mahaboub Damala a touché 7 000 euros pour revenir chez lui. De quoi construire son poulailler, alimenter le site en énergie, acheter une motopompe. Son véhicule, un vieux Renault Trafic repeint en vert, il l'a f