Un ex-ministre camerounais, emprisonné, qui fait publier dans la presse des lettres assassines visant ses anciens collègues et son ancien mentor, le Président : depuis plusieurs semaines, les Camerounais assistent à un déballage inédit dans l’histoire du régime de Paul Biya, au pouvoir depuis trente ans. Tout a commencé mi-avril avec l’incarcération, pour des faits présumés de corruption, de Marafa Hamidou Yaya, ancien puissant ministre de l’Intérieur durant une décennie.
Jusque-là, rien d’anormal dans le Cameroun de Biya : une douzaine d’ex-ministres sont actuellement détenus pour de sombres affaires de détournements de fonds, courantes dans le pays. Plusieurs d’entre eux, dont Marafa, sont aussi soupçonnés par Biya d’avoir comploté contre lui. Mais l’ex-ministre de l’Intérieur s’est détaché du lot : alors que les autres font profil bas, il a choisi de tenir tête au Président. Déjà quatre lettres ont été publiées, dans lesquelles il suggère à Biya de démissionner, déclare son ambition présidentielle (confirmée par des affiches à son effigie placardées dans certaines villes), exhume de vieilles affaires nauséabondes, incrimine des ministres, ainsi que Biya, se blanchit, menace de balancer encore…
Dit-il la vérité ? Pas toujours, apparemment. Peut-il faire oublier qu'il a docilement servi et incarné, pendant près de vingt ans, un régime qui a ruiné et abîmé durablement le pays ? Ce sera difficile. Le parti au pouvoir, dont Marafa est un membre éminent, s'est d'ailleurs fait un