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Libération
Interview

«On va assister à un bras de fer»

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Le spécialiste américain de la résolution des conflits Robert Malley :
publié le 24 juin 2012 à 22h16

Robert Malley est directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de l’International Crisis Group, une organisation spécialisée dans la résolution des conflits. Il était également conseiller de l’ancien président américain Bill Clinton pour les questions israélo-palestiniennes.

Comment analysez-vous les résultats de l’élection présidentielle ?

Beaucoup d’Egyptiens auraient considéré que le scrutin était truqué si Ahmad Chafiq avait gagné. Il y avait un véritable risque que la situation dégénère avec des manifestations violentes et une reprise en main du pays par l’armée. Cela a été évité, mais on va assister à un bras de fer entre les Frères musulmans et le Conseil suprême des forces armées, qui vont devoir se partager le pouvoir. Chacun cherche désormais à pousser son avantage sans provoquer la confrontation. Il ne faut surtout pas que les négociations se limitent à un tête à tête entre les deux camps, elles doivent associer les autres acteurs politiques, dont les libéraux, qui auront du mal à digérer l’élection de Mohammed Morsi. Ces discussions auraient dû intervenir il y a plusieurs mois, mais il n’y a jamais eu d’accord sur la façon de mener la transition. Il n’y a même pas d’arbitre, aucune institution n’étant reconnue comme légitime par les différentes parties. La Cour suprême devrait jouer ce rôle, mais ni les Frères musulmans ni une grande partie de la population ne lui font confiance.

Quel rôle l’armée a-t-elle joué ?