Moins de deux heures pour destituer le président. C’est le temps record qu’il a fallu aux parlementaires du Paraguay pour licencier vendredi soir Fernando Lugo, élu à la magistrature suprême en 2008, et à qui il restait une grosse année au pouvoir. L’ancien évêque, premier président de gauche après soixante-deux ans de dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989) et de mainmise des conservateurs du Parti colorado, était accusé d’avoir «mal rempli ses fonctions».
Il lui était notamment reproché la mauvaise gestion d’une occupation de terres agricoles dans le nord-est du pays qui s’est terminée, le 15 juin, par des affrontements sanglants entre paysans et forces de l’ordre. Onze sans-terre et six policiers ont été tués.
De fait, Lugo s’est souvent trouvé dans l’impossibilité d’agir en raison de l’hostilité d’un Parlement qui contrait régulièrement ses décisions et dans lequel il a progressivement perdu tous ses alliés. Dans ce petit pays pauvre et enclavé d’Amérique latine, où 80% des terres arables sont détenues par 2% de grands propriétaires, les députés goûtaient fort peu le positionnement présidentiel auprès des plus déshérités.
Tout en contestant hier le bien-fondé de son éviction, qu'il qualifie de «destitution de la démocratie», Lugo a déclaré l'accepter «au nom de la paix et de la non-violence». Dans la foulée de cette révocation éclair, le vice-président, Federico Franco, a prêté serment pour succéder à Lugo. Précandidat du Parti li