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portrait

Bernard Cazeneuve. Trait d’Union

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Fabiusien hollando-compatible, l’ex-député et maire de Cherbourg est l’inattendu ministre aux Affaires européennes.
Le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve, ici le 21 novembre 2016 (Photo Thomas SAMSON. AFP)
publié le 26 juin 2012 à 19h06

«On ne le voit pas, mais il est là et il avance», s'étonne presque son ami, l'écrivain Erik Orsenna, témoin de ses tout premiers pas dans les rouages de la diplomatie française. C'était sous Roland Dumas. Vingt ans après, à la surprise générale, le modeste conseiller occupe le vaste bureau d'angle du ministre délégué aux Affaires européennes, au 2e étage du Quai d'Orsay. Personne n'avait vu arriver Bernard Cazeneuve, peut-être même pas l'intéressé. «Je suis un techno discret», reconnaît sans complexe l'ex-député et maire de Cherbourg (il vient de rendre son mandat pour entrer au gouvernement). Un quinqua passe-muraille qui cultive à dessein une image de notaire méticuleux et courtois.

Son nom n'était d'aucun pronostic. On misait sur Catherine Trautmann, Elisabeth Guigou, Pascal Lamy, bref des socialistes labellisés europhiles. D'où l'instant de stupeur à découvrir qu'arrivaient au Quai non pas un noniste, mais deux : le favorissime éléphant Laurent Fabius, flanqué de son «proche» Bernard Cazeneuve, tous deux hostiles à la Constitution européenne lors du référendum de 2005, puis au traité de Lisbonne en 2008. Drôle de message à l'adresse de Bruxelles… «Je suis résolument européen. Je veux un renforcement de la solidarité entre Etats membres», se récrie-t-il, à qui mettrait en doute ses lettres de créances. En votant non, il réclamait seulement «une autre Europe», plus démocratique et moins libérale. «En 2005, j'ai sen