Les autorités chinoises n'aiment pas «perdre la face». Et sont souvent prêtes au pire pour sauvegarder «l'image du pays». L'affaire Feng Jianmei en est une illustration frappante. Il s'agit de cette jeune femme kidnappée le 30 mai par cinq employés du planning familial de Zhenping, dans la province du Shaanxi (centre de la Chine), puis avortée de force à sept mois de grossesse parce qu'elle ne pouvait pas payer l'amende de 4 200 euros que l'administration lui réclamait pour son second enfant.
Cet épisode dramatique, pourtant routinier en Chine, a cette fois suscité un scandale sur Internet après que le mari de Feng Jianmei, Deng Jiyuan, eut posté des photos émouvantes de son épouse étendue sur un lit avec son fœtus mort-né. Littéralement couvertes d'opprobre sur les microblogs, les autorités ont rappelé adroitement que les femmes dans cette situation devaient être «convaincues d'avorter» par les officiels, et non pas «forcées d'avorter», cet acte étant officiellement illégal. Puis, pour la forme, trois responsables de Zhenping ont été «suspendus».
L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais ce n'était que le début du calvaire pour Feng Jianmei et sa famille, victimes depuis lors d'une campagne de persécution sans aucun doute organisée par les autorités locales. Des foules ont été mobilisées pour manifester, brandissant des calicots rouges qualifiant la jeune femme et sa famille de «traîtres à la nation» pour avoir parlé à des jo