Le fusil d'assaut M 16 du lieutenant Moraes n'a pas encore servi, ici, à Nova Brasília, l'une des douze favelas (bidonvilles) du complexe de l'Alemão, au nord de Rio. Il l'emporte quand même avant d'entamer la patrouille de l'Unité de police pacificatrice (UPP) : «On ne sait jamais.» Son bataillon de 340 hommes, l'un des huit qui terminent leur déploiement cette semaine dans tout l'Alemão en remplacement de l'armée brésilienne, a pris ses quartiers à Nova Brasília le 25 avril. La mission de cette police de proximité : veiller à la tranquillité des lieux.
L'Alemão, c'est un enchevêtrement de masures qui couvre plusieurs versants de collines. Quelque 100 000 personnes s'y entassent. Jusqu'à sa «chute», le 28 novembre 2010, le complexe était le bastion du Comando Vermelho (CV) ou «commando rouge», le principal gang de trafiquants de Rio. En riposte à une série d'attaques contre la police imputée au CV, l'armée, appuyée par des blindés et des hélicoptères, s'est rendu maîtresse les lieux. Une vingtaine de caïds ont été arrêtés, beaucoup d'autres ont fui.
«Libres». Les 2 200 policiers qui vont remplacer les soldats auront pour mission de consolider les acquis de la «pacification». Sanglés dans leur gilet pare-balles, les hommes du bataillon de Nova Brasília sillonnent les rues et les venelles de la favela. Un vieux monsieur se réjouit de la présence de ces «représentants de la légalité» : «Avant, c'était les bandidos