Le sociologue Ignacio Cano, spécialiste de la violence, dresse le bilan de la politique de pacification des favelas de Rio.
La mise en place d’unités de police pacificatrice (UPP) dans certaines favelas est-elle un succès ?
Les UPP ont permis de soustraire ces favelas au contrôle de groupes armés et d'y réduire les homicides. Mais leur nombre [une vingtaine, couvrant 91 bidonvilles, ndlr] reste limité, alors que des centaines de favelas sont sous la coupe de narcotrafiquants ou de milices paramilitaires. Or, il est impossible d'implanter des UPP partout où il faudrait. On ne trouvera jamais assez de policiers pour cela.
De plus, hormis le complexe de l’Alemão, les favelas dans lesquelles ont été installées jusqu’ici des UPP ne sont pas les plus violentes. Elles se situent dans la zone touristique ou à proximité des installations qui accueilleront le Mondial de foot de 2014 - comme le stade du Maracanã - et les JO d’été de 2016. La logique de la pacification est donc dictée, du moins en partie, par le calendrier sportif.
L’armée se retire ces tout prochains jours du complexe de l’Alemão, qu’elle occupait depuis le départ des narcotrafiquants, il y a un an et demi. Sa présence n’a pas toujours été bien vécue par la population…
La pacification de l'Alemão n'a pas été planifiée. Elle a été précipitée par des attaques menées par les narcotrafiquants contre la police. L'armée avait dû rester sur place parce qu'il n'y avait pas encore assez de