Les blindés chinois arrivent demain à l’aube, et pourtant la Bourse de Hongkong a clôturé vendredi en battant son record historique. Ce simple paradoxe suffit à faire de la rétrocession de Hongkong à la Chine un événement hors du commun, au-delà de la vision romantique de la fin d’un empire. Huit ans après la chute du mur de Berlin et la fin du communisme en Europe, nul ne s’étonne vraiment de voir les six millions de Hongkongais, qui jouissaient à l’époque coloniale de toutes les libertés à défaut d’une démocratie totale, livrés sans même consultation à un pouvoir encore largement totalitaire.
Cette réunification programmée aura toutefois des retombées considérables, non seulement, bien sûr, pour Hongkong et ses habitants, pour la Chine, qui en fait une étape importante de sa résurrection, mais aussi pour le monde entier, qui doit désormais apprendre à vivre avec une Chine superpuissance en devenir.
Hongkong, de par sa réussite économique exceptionnelle, son histoire digne de tous les romans d’aventure, sa population composite, justifie amplement l’attention actuelle du reste de la planète. Fondée sur les bases les plus immorales - le trafic d’opium -, la colonie britannique a évolué au cours du siècle en un concentré de richesses et de prospérité que les Anglais, contraints par l’expiration d’un «bail» de quatre-vingt-dix-neuf ans conclu avec la Chine impériale, n’abandonnent qu’à contrecœur.
Hongkong poursuivra-t-il sa croissance effrénée dans le nouveau contexte ? C’est la