En 1221, le Mongol Gengis Khan rase les plus belles cités de la délicate civilisation arabo-persane mais épargne les bouddhas de Bamiyan, en Afghanistan. En mars 2011, les talibans n’auront même pas cette mansuétude. Ils détruiront les deux statues géantes, la ville, le musée de Kaboul et feront même un autodafé des quelque 55 000 livres rares de la plus vieille fondation afghane.
Ce crime ne résulte nullement d’un coup de folie. Il avait été totalement prémédité, ayant même fait l’objet de discussions au sein de la Choura (grand conseil) qui regroupe les chefs du mouvement. Le décret du 26 février 2001, prononcé par le mollah Omar sur les recommandations d’un collège de hauts religieux de Kandahar, le montre bien. Avant les talibans, d’autres conquérants musulmans s’en étaient déjà pris aux deux bouddhas, cherchant à leur briser les membres et à effacer leurs visages.
La Mecque. La destruction des bouddhas de Bamiyan s'inscrit dans la droite ligne d'un courant iconoclaste qui existe depuis la naissance de l'islam. Il se fonde notamment sur une sourate du Coran exhortant les fidèles à guerroyer les statues, assimilées à des idoles : «Ô vous qui croyez ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires sont une abomination et une œuvre du Démon. Evitez-les. Peut-être serez-vous heureux.» Et sur l'exemple de Mahomet qui, selon la tradition, renversa les idoles entourant la Kaaba, la pierre noire de La Mecque, effaça les figures