C'est le pays des mille tortures, toutes plus abominables les unes que les autres. Pas un opposant ou une famille d'opposant qui ne soient sous la menace de supplices qui ont pour nom «le tapis volant», «la chaise allemande» ou la falaqah (bastonnade de la plante des pieds) et qui visent à briser les corps et les esprits, à mutiler ou à handicaper, souvent pour la vie.
Ce sont d'ailleurs des actes de torture perpétrés en février 2011 contre une dizaine d'enfants de Deraa (sud-ouest), coupables d'avoir écrit des graffitis contre le régime, qui sont à l'origine de l'intifada syrienne. Ce que l'on connaît de ces tortures n'est en fait que la partie immergée de cet iceberg noir, comme les prisons souterraines dans lesquelles elles sont infligées. Mais on en sait davantage grâce à un rapport de 81 pages de l'organisation Human Rights Watch (HRW), publié aujourd'hui sur son site, qui révèle l'ampleur de la mécanique tortionnaire du régime syrien.
«Broyé». C'est une interminable leçon de ténèbres et d'horreurs ; son titre le laisse présager : «l'Archipel des tortures : arrestations arbitraires, tortures et disparitions forcées dans les prisons souterraines syriennes depuis mars 2011». Il est fondé sur les entretiens avec 200 ex-prisonniers politiques, recueillis notamment en Jordanie.
D'abord, les tortionnaires. Les plus abominables appartiennent à quatre «services