Une usine polluante qui s’installe en pleine ville, la population qui se mobilise clandestinement via Internet, puis qui soudain manifeste en force pour faire fermer l’entreprise insalubre… et obtient gain de cause. Ce scénario est en train de devenir courant en Chine, où la pollution de l’air, des fleuves, ainsi que les questions de sécurité alimentaire inquiètent au plus haut point la population.
La clameur a cette fois surgi à Shifang, une ville de 200 000 habitants de la province du Sichuan - par ailleurs célèbre pour avoir fabriqué les cigares que fumait Mao Zedong. Dimanche, lundi, puis hier, des dizaines de milliers de manifestants se sont heurtés violemment à la police, alors qu’ils réclamaient, calicots en têtes, la fermeture d’une usine en construction de traitement de métaux lourds (du cuivre et du molybdène). Selon les autorités, les affrontements ont fait au moins 13 blessés. Deux d’entre eux auraient succombé à leurs blessures d’après l’ONG Chinese Human Rights Defenders. La police, qui n’a pas ménagé ses coups de matraques, a aussi fait usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes, selon des témoins. De nombreuses voitures de police ont été retournées par les manifestants, qui ont envahi des bâtiments officiels et lancé des pierres et des briques. Bien que les autorités aient, dès lundi, entrepris de censurer sur Internet tout ce qui se rapportait à ces émeutes, de nombreux témoignages circulent, ainsi que des photos montrant des habitants le visage