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Libération
TRIBUNE

Israël : l’effet ravageur des colonies

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publié le 10 juillet 2012 à 19h26

Effectuant récemment des rangements dans mes papiers personnels, je suis tombé sur d’anciennes lettres écrites par mon épouse et moi-même, à nos parents en Israël, à la fin de notre séjour prolongé à Paris dans les années 60. Des lettres intimes écrites au jour le jour, de la mi-mai 1967 à la fin juillet de cette année-là. Au début, dans la crainte et l’inquiétude des jours d’attente d’une guerre annoncée, de plus en plus évidente, puis, pendant le déroulement de la guerre qui ne dura que six jours, comme on sait, enfin, durant la période tumultueuse qui suivit la victoire israélienne.

Cet épisode a fait naître de nombreuses études et autres analyses journalistiques et politiques, selon une infinité de perspectives. Mais le témoignage personnel, le vécu immédiat dans nos lettres oubliées m’ont de nouveau remué. Un fossé s’est creusé entre la préoccupation, le soutien et l’admiration des Européens à l’égard d’Israël, il y a quelque quarante-cinq ans, que nous éprouvions avec une force irrépressible autour de nous, et le désaveu grandissant à son endroit, au cours des dernières années, désaveu qui, parfois, va jusqu’à la remise en cause de la légitimité de l’existence même de l’Etat juif, voire à l’hypothèse de sa disparition au cours de ce siècle.

Comment et pourquoi un bouleversement aussi profond s’est-il produit ? Quelle en est la racine et d’où provient-il ?

Car le souci pour Israël d’il y a presque un demi-siècle était authentique et profond, et ne s’exprimait pas seulement