L'austère Mahmoud Jibril sera-t-il le prochain Premier ministre libyen ? Fidèle à son habitude, l'homme n'a rien dit de ses intentions au lendemain des élections législatives du 7 juillet, le premier scrutin organisé en Libye depuis plus de quarante ans. «Lors des élections d'hier, il n'y avait ni perdant ni gagnant. La Libye est le seul véritable vainqueur de ces élections», a-t-il déclaré, avant d'appeler «au dialogue national, en vue de s'unir tous ensemble […] sous une seule bannière».
Même s'il refuse de l'admettre, ou feint de ne pas le reconnaître, Mahmoud Jibril, 60 ans, est bien le nouvel homme fort de Libye. A la tête de l'Alliance des forces nationales (AFN), une coalition d'une soixantaine de formations libérales et nationalistes, il est celui qui a battu les islamistes : ceux réunis au sein du Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, et ceux appartenant à la formation Al-Watan de l'ancien jihadiste Abdelhakim Belhadj. Si ces résultats encore partiels se confirment, cela représenterait une surprise dans un monde arabe où les premiers scrutins post-révolutionnaires ont donné le pouvoir aux islamistes en Egypte et en Tunisie. Rassurés, les pays occidentaux se sont félicités de la victoire de l'AFN, qualifiée d'«historique» et d'«étape vers la démocratie».
Réseaux. Dans une Libye dont la quasi-totalité de la population est musulmane et sunnite, Jibril n'a pourtant pas bâti