Menu
Libération
TRIBUNE

Vandalisme au Mali : la guerre contre les ancêtres

Article réservé aux abonnés
par Bernard Nantet, Journaliste et archéologue
publié le 10 juillet 2012 à 19h26

Si les événements du Mali atteignent une telle résonance médiatique, c’est parce que Tombouctou, cité mythique depuis des siècles, est l’épicentre d’une folie éradicatrice de la part du «Groupe de défenseurs de la religion», pour tout ce qui peut être connaissance et modération humaine et religieuse. «Du passé faisons table rase», proclament ces fondamentalistes qui rêvent, dans une recherche éperdue de pureté, la kalachnikov en bandoulière et le téléphone portable à la main, de retourner à des origines fantasmées, pures et sans taches.

Il y a longtemps que les salafistes ont fait de la région une terre de dawa (prédication). Barbe taillée à la manière du Prophète, longue robe descendant jusqu'au sol et regard ignorant l'étranger, transparent, croisé sur leur route, ils allaient de village en village prêcher une morale vouant aux gémonies les traditions anciennes. Les morts, en premier, avaient droit à une mise à niveau idéologique. Les habitants devaient cesser de vénérer les vieux cimetières et de se rendre sur les sépultures contenant les restes de leurs ancêtres. Aubaine pour des démolisseurs armés de pioches exhumant poteries et statuettes votives en terre cuite. Et bonnes affaires pour les galéristes occidentaux exposant des pièces étiquetées «fouilles de Djenné, vallée du Niger». Mais, catastrophe pour les archéologues, un objet récupéré impliquant la destruction d'une dizaine d'autres avec l'impossibilité d'étudier correctement le site et l'histoire.

Rares son