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Libération
Analyse

Bamako avait déserté depuis des années

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Les groupes islamistes se sont emparés d’une zone abandonnée aux trafiquants par un pouvoir corrompu.
publié le 11 juillet 2012 à 21h56

Alors que les négociations se poursuivent sur l'envoi d'une force africaine au Nord Mali, les nouveaux maîtres islamistes de Tombouctou n'ont pas hésité, mardi, à démolir deux mausolées supplémentaires à côté de la grande mosquée de Djingareyber. Une autre atteinte à l'héritage culturel de la cité sainte qui n'a fait que souligner l'impuissance de la communauté internationale face aux intégristes qui ont pris le contrôle des trois principales villes du Nord. «C'est une opération de com : une façon de narguer l'Occident et d'asseoir leur pouvoir», constate Maurice Freund, fondateur de Point Afrique, et très bon connaisseur du Mali. Il a notamment côtoyé Iyad ag Ghali, le leader d'Ansar ed-Dine pendant les années 90 : «Un coureur de jupons et un grand buveur», se rappelle-t-il en évoquant le chef fondamentaliste, précisant que «c'est peu avant son départ pour l'Arabie Saoudite en 1998 qu'Iyad a changé et s'est mis à fréquenter assidûment la mosquée».

«Symbolique». L'effondrement du Mali et la mainmise des islamistes sur l'immense région désertique, sont devenus le principal sujet de préoccupation de la communauté internationale en Afrique. Mais pour Maurice Freund, cette implosion n'a rien de surprenante : «Depuis plus de dix ans déjà, le nord du pays est un vaste no man's land ouvert à tous les trafics. La drogue, les armes et aussi les hommes. J'ai vu des camions remplis de clandestins quitter Gao. Il y a deux ans, une kalachni