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Libération

Mauvaise descente pour un narco colombien

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publié le 11 juillet 2012 à 21h26

Quand les policiers ont interrompu la noce, dimanche 1er juillet avant l'aube, les invités ont d'abord applaudi. Quel chouette type, ce «Fritanga». Le trafiquant en cavale, dont le surnom «friture» fait allusion à son plat préféré, les gâtait depuis une semaine dans l'hôtel de luxe de la petite île de Múcura, dans les Caraïbes colombiennes. Banquets sur la plage, whisky, concert des stars locales de vallenato et de reggaeton.

Son mariage avec une poupée gonflée de silicone, dignement béni la veille par un prêtre catholique, touchait à son apogée avec ce dernier spectacle : une fausse descente de flics, escortés de militaires casqués, fusil-mitrailleur au poing. Il a fallu que les policiers - vrais de vrais, en fait - débranchent la sono et crient un peu pour que les invités les prennent au sérieux. «Celui qui ne se couche pas au sol… Il va lui arriver quelque chose!» finit par bafouiller un des agents, sur les images filmées par le commando. Les invités, parmi lesquels des acteurs de telenovelas et quelques autorités locales, finissent par s'incliner, tandis que leur héros en bermuda se défend avec une conviction émoussée par l'alcool.

Camilo Torres, de son vrai nom, avait cru s'éviter tout désagrément judiciaire en mourant à sa sortie de prison, deux ans plus tôt, grâce à un officier d'état-civil complaisant. Se pensant oublié des autorités, le «défunt» avait gravi les échelons des Urabeños, une bande qui a hérité du négoce de trafic de cocaïne,