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Libération
EDITORIAL

Principe

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publié le 11 juillet 2012 à 21h56

D’un côté, un pays de 15 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde et qui vivait pourtant, jusqu’au récent coup d’Etat, sous un régime qu’on pouvait raisonnablement qualifier de pluraliste. De l’autre, des groupes armés de quelques milliers de jihadistes de différentes nationalités qui ont pris le contrôle du Nord, notamment des villes de Tombouctou, Gao et Kidal, y délogeant même les rebelles touaregs et venant ainsi soudainement bousculer l’équilibre précaire de l’ensemble du Sahel. Cette situation d’ores et déjà tragique pour l’un des berceaux de la culture africaine, point d’ancrage d’une civilisation entrée dans l’histoire depuis plus de dix siècles, doit d’abord être froidement analysée comme la conséquence directe de l’intervention internationale en Libye. Ce seul fait pourrait justifier par principe une nouvelle intervention militaire sous l’égide de l’ONU. Non pas pour que l’Occident se vive cette fois en «sauveur» du Mali, mais plus simplement pour qu’il assume jusqu’au bout sa responsabilité en triomphant de cette étrange et effrayante entité islamiste et en rétablissant la paix et la démocratie dans un pays qui, s’il n’a pas de pétrole, n’en a pas moins le même droit d’être protégé. En pratique, les choses s’avèrent plus complexes. Notamment parce que la France, qui fut l’une des forces motrices de l’intervention libyenne, ne saurait cette fois, en raison de son statut d’ex-puissance coloniale, jouer un rôle de premier plan. C’est aux Africains de pren