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Libération
Récit

Pékin manie la carotte et le bâillon

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Pour faire taire une femme victime d’un avortement forcé ou la fille d’un opposant assassiné, les autorités chinoises ont choisi de leur verser de substantielles «allocations».
Les villageois de Wukan défilent avec le portrait de Xue Jinbo, leur leader assassiné par la police, lors de ses funérailles en décembre. (PHOTO AFP)
publié le 13 juillet 2012 à 20h36

La Chine a son lot de mécontents. Qu'ils soient ou non dans leur bon droit, les plus opiniâtres finissent le plus souvent entre les mains de la police. Mais lorsque des victimes d'injustices mettant en cause les autorités parviennent à médiatiser leur cas, Pékin préfère les réduire au silence par l'argent. L'affaire Feng Jianmei, du nom d'une jeune femme avortée de force début juin après sept mois de grossesse, avait suscité un retentissement considérable en Chine ( Libération du 15 juin).

Elle s'est conclue cette semaine par un chèque de 70 600 yuans (8 825 euros). Cette somme acceptée par Feng et son mari n'est pas présentée comme un dédommagement mais comme une «allocation». Il est stipulé dans le «contrat» que la famille ne doit plus parler à la presse. Ce «geste» des autorités s'inscrit dans une certaine logique. L'affaire avait démarré après que le mari de Feng, Deng Jiyuan, eut posté sur Internet les photos de son épouse étendue sur un lit avec son fœtus avorté. Des millions de commentaires couvrirent d'opprobre les officiels du district de Zhenping (est), et plusieurs journalistes chinois et étrangers s'en firent l'écho.

Calicots. L'avortement forcé, bien que proscrit par la loi chinoise, est pourtant couramment pratiqué. Afin de le faire taire, le couple fut placé sous surveillance. Pour l'effrayer, les autorités orga